«Ce fut la graine d’où a fleuri toute mon œuvre ; tout ce que j’ai pu écrire ne fut qu’un commentaire et une illustration d’Ascèse», écrivit Nikos Kazantzaki à la fin de sa vie. Composé en 1923, lorsque, résidant à Berlin, Kazantzaki nourrissait le désir de faire œuvre d’écrivain sans avoir encore produit ce qui pourrait constituer le noyau de son travail, ce texte est la véritable matrice de tous ses écrits à venir. Marqué par le communisme, qu’il découvre alors, et la philosophie de ses deux grands maîtres, Bergson et Nietzsche, il décide de rédiger ce qui fondera le socle de sa pensée. Conçu sur le modèle du Manuel d’Épictète, il offre au lecteur un véritable viatique, proposant une méthodologie de l’ascèse qui vise à progresser «par degrés» vers une ultime libération, quand bien même celle-ci demeure sans cesse à reconquérir.